• Chapitre 2 :

    Quelques jours plus tard, Anna est toujours avec le guitariste, Evan. Il joue et elle chante, chaque jour ils ramènent plus ou moins 200 euros Hirutani n'est pas toujours très content, mais il les laisse dormir au chaud dans le hangar. Quand l'hiver sera passé, ce sera plus facile. Elle n'aura pas à payer un logement, elle pourrait dormir dehors, à la belle étoile. Elle aimait beaucoup regarder le ciel. Même si avec les lumières de la ville, on ne voit pas beaucoup les étoiles.

    Elle a appris recensement que KaibaCorp organisait un tournoi de cartes de duel de monstres. La jeune fille n'y connait pas grand-chose à ses cartes. Mais au moins cela a le mérite de faire venir du monde et donc plus d'argent pour elle. C'était le plus important. La jeune fille ouvrit son sac et regarda la petite boite. Elle était de couleur verte avec le dessin d'un petit canard jaune sur le dessus. Cette boite lui avait été offerte par Makuba dans une autre vie. Mais elle y gardait ses trésors. Il y avait plus de cent euros à l'intérieur et d'autres choses auxquelles elle tenait. Elle accumulait le plus d'argent qu'elle pouvait. Elle n'avait pas vraiment de projet précis, peut-être quitter DominoCity.

    - Anna, tu tombes bien ! fit Hirutani. J'ai une demande … particulière.

    - C'est-à-dire ?

    - J'ai un bonhomme riche… qui voudrait de la compagnie pour la nuit.

    - Hein ? Non mais ça va pas, je fais pas ça, moi !

    - Attends de connaître son tarif. Il va nous payer, 500 euros.

    - Nous ?

    - Je partage avec toi, 40/60 !

    - Non mais tu rêves ! cria Anna.

    La jeune fille se mit à courir pour quitter au plus vite les lieux. Elle savait bien que ce genre de choses allaient finir par lui tomber dessus. Anna n'avait pas du tout envie de vendre son corps de cette façon, surtout pour que ça soit Hirutani qui s'enrichisse et qu'elle n'aie rien.

    Soudain, elle sentit une respiration derrière elle. Elle se retourna pour voir Hirutani qui lui donna un coup sur le visage. La jeune fille s'effondra au sol en criant.

    - Si tu ne veux pas que … un vieux bourge te prenne ta virginité. Je vais la prendre !

    - Non… arrête !

    Anna se débattait dans tous les sens. Essayant de donner des coups de pieds, de mains, de dents. Mais Hirutani continuait de lui déchirer ses vêtements.

    - Tu vas cesser de bouger ! gronda-t-il.

    Il lui prit la tête entre ses mains et la cogna contre le sol. Anna poussa un petit cri avant de se sentir soudain très fatiguée. Elle ferma les yeux. Elle perçut un cri avant de tomber dans l'inconscience.

    Hirutani sourit quand il sentit que la jeune fille ne se débattait plus. Il fit un sourire, ce serait plus facile, même si ça manquait de vie. Il souleva ses jambes, quand il entendit un cri. Il se retourna et reçu un coup de poing.

    - Bordel, t'es qui toi ? grogna-t-il en se relevant.

    Les deux hommes se battirent quelques minutes, mais le grand brun qui venait d'arriver, prit rapidement le dessus. Hirutani préféra quitter les lieux en courant. Le grand brun se pencha. Il souleva la jeune fille dans ses bras et la conduisit jusqu'à l'hôpital le plus proche.

    Quand elle revint à elle, Anna était allongée dans une chambre d'hôpital. Elle mit quelques instants à refaire le fil des évènements. Elle souleva les draps pour regarder entre ses jambes. Est-ce que… qu'il avait… ? Anna avait peur de connaître la réponse. Une jeune infirmière entra dans la chambre.

    - Bonjour, vous êtes réveillée ? Ne vous inquiétez pas ! Vous…

    - Est-ce qu'il… qu'il a …

    - Vous n'avez rien. D'après les examens, il n'y a pas eu de pénétrations. Vous avez des contusions et un léger traumatisme crânien.

    - Comment je suis arrivée ici ?

    - Un jeune homme vous a déposé à l'accueil.

    - Qui ?

    - Je ne sais pas, je n'étais pas de service. Mais je peux me renseigner si vous voulez.

    Anna hocha la tête. La jeune infirmière vérifia sa température, son pouls et autres données médicales. Tout allait bien. La jeune fille observa la chambre dans laquelle, elle se trouvait, tout était blanc et aseptisé. La pièce sentait une étrange odeur, sans doute des produits chimiques dont Anna ignorait tout. Elle avait été à l'école jusqu'à ses douze ans. Après sa seconde fugue, elle n'avait pas retrouvé les bancs de l'école. Mais les services sociaux allaient la retrouver si elle restait là. Elle devait quitter les lieux. Bien que cela faisait des mois qu'on ne l'avait pas traité aussi bien.

    Elle se leva de son lit et posa les pieds sur le sol. C'était froid et elle avait froid. Anna voudrait bien se glisser dans le lit, mais elle ne le pouvait pas. Aller à l'orphelinat, c'était retourner à la case départ. Elle ne pouvait pas accepter une telle chose. Elle prit une grande inspiration et courbée en deux, elle se dirigea vers le placard en espérant y retrouver des affaires. Son pantalon et son pull était là, tâchés, à moitié déchirés, mais ils étaient là. Elle enfila le tout en grimaçant. Puis… elle quitta la chambre.

    Elle marcha aussi vite qu'elle le pouvait. Certaines personnes la regardaient étrangement et dés qu'elle entendait un appel. Elle rentrait dans un ascenseur ou descendait des marches. Elle se perdit dans les couloirs.

    - Hé, vous allez où ! cria une voix.

    Anna entra dans la première pièce venue. Un vieil homme était allongé sur le lit. Il leva son regard vers elle et fit un sourire. La jeune fille se glissa sous le lit pour se cacher. Une infirmière entra et demanda au patient s'il avait vu une jeune fille.

    - Non, je n'ai vu personne. Que se passe-t-il ?

    - Rien qui vous concerne, reposez-vous !

    L'infirmière quitta les lieux. Anna sortit de sa cachette et fixa l'homme du regard. Pourquoi n'avait-il rien dit ?

    - Je suppose que je devrais te poser la question. Que se passe-t-il ?

    - Je dois quitter cet endroit, fit Anna.

    Elle s'approcha de la porte et l'ouvrit doucement pour regarder dans le couloir.

    - Tu sais quoi, moi aussi !

    - Hein ? fit Anna en se retournant.

    Le vieil homme s'était levé de son lit et enfila ses chaussures. Anna fronça les sourcils en le voyant déjà vêtu d'une salopette. Lui aussi voulait quitter les lieux en douce. La jeune fille fit une grimace. Le vieil homme lui prit le bras et ils marchèrent dans le couloir. A deux, ils passaient plus inaperçu, étrangement. Ils quittèrent l'hôpital.

    - Euh… Papy ?

    - Oui, ma petite ?

    - C'est que… je voudrais…

    - Est-ce que tu as un endroit où aller ? demanda-t-il.

    Anna soupira, elle n'avait plus rien. Son sac avait disparu avec l'argent qu'elle avait mis des mois à économiser. Le peu d'affaires qui lui restait, c'était les vêtements déchirés qu'elle avait sur elle. En plus de ça, elle n'avait aucun endroit où elle allait. Elle ne pouvait pas vraiment retourner auprès de Hirutani. Cet homme avait essayé de la …

    Elle secoua la tête pour chasser ses pensées de sa tête.

    - C'est bien ce que je pensais, fit le vieil homme.

    Ils marchèrent tous les deux dans les rues de DominoCity. Anna trouvait qu'il avait l'air en forme pour un vieux qui sort de l'hôpital, mais où pouvait-il bien la conduire ?

    - Je m'appelle Salomon Muto, j'habite avec mon petit fils et nous avons une chambre d'amis.

    - Mais… Mr Muto… je peux pas…

    - Allons ne dit pas de bêtises ! Tu dois avoir le même âge que mon petit-fils et je n'aimerais pas qu'on le laisse à la rue, s'il avait des problèmes.

    - Y a peu de monde qui pense comme vous ! fit Anna en soupirant.

    Le vieil homme arriva devant une boutique de jouets. Anna sourit, elle était passé devant ce magasin de nombreuses fois. Mais elle n'était jamais entrée. Les jeux… les duels de monstres… les jouets. Elle ne voulait plus en entendre parler depuis que la KaibaCorp s'en occupait. L'entreprise aurait mieux fait de continuer de fabriquer des armes au lieu d'aller pervertir les jouets avec leur argent sale.

    - Bienvenue ! fit Salomon en poussant la porte de sa maison.

    - Comment ça disparu ! gronda un jeune homme brun après l'équipe médical de l'hôpital.

    - Nous sommes désolés, monsieur !

    - Vous pouvez l'être !

    L'homme quitta la pièce en claquant la porte. Cette fille lui glissait entre les doigts comme une anguille. Son équipe la surveillait depuis des semaines et il lui avait fallu son courage pour aller la retrouver. Il la sauve de ce … crétin. Mais il la perd à nouveau.

    - Monsieur Kaiba, Monsieur Kaiba !

    Seto s'arrêta et se retourna pour faire face à une jeune infirmière. Elle lui tendit un sac déchiré, rapiécé de tous les côtés. Il en avait du vécu ce sac. Il le prit dans ses bras et reprit sa route à grandes enjambées.

    Une fois dans son bureau, Seto vida le contenu de son sac sur le meuble. Il y avait une petite boite contenant un peu d'argent, pas vraiment une fortune. Il y avait aussi un petit cahier où il avait des dessins et des petits textes.

    « J'espère que Makuba et Seto vont bien. Ils me manquent beaucoup ».

    Anna avait essayé de dessiner son petit frère et son grand frère. Dans les pages suivantes, ses messages étaient de plus en plus tristes. Jusqu'au moment où il n'y avait plus une seule mention de lui ou de Makuba.

    « Il ne tiendra pas sa promesse ». C'était la dernière phrase et il savait qu'elle le concernait. Il se souvenait très bien pourquoi elle écrivait cela.

    Elle devait avoir dix ans quand elle s'était présentée au manoir des Kaiba. La petite fille semblait si petite lorsqu'elle se trouvait dans le grand hall du manoir. Heureusement que Makuba ne se trouvait pas à la maison ce jour-là.

    - Que…

    - Seto !

    Anna était venue se réfugier dans ses bras. Il avait voulu la serrer contre lui. Son cœur avait raté un battement. Sa petite sœur était là… elle était là. Mais… il avait croisé le regard de Gozaburo et il avait su… quel genre de traitement, il infligerait à la petite fille, à sa petite sœur si elle restait. Elle serait aussi maltraitée que lui, voir peut-être d'avantage. Les coups, les gifles, les brimades, les cours forcés… tout ça. Il avait alors pris la décision la plus dure de sa vie. Une décision… qui pourtant il ne regrettait pas. Il posa ses mains sur les épaules de sa sœur et la repoussa fermement.

    - Que fais-tu ici, Anna ?

    - Je…

    Il avait vu la peine dans le regard de sa petite sœur. Et l'incompréhension dans son regard devant ce ton de reproches.

    - Tu ne peux rester ici, Anna !

    - Mais, je…

    - Retourne à l'orphelinat.

    Anna avait baissé le regard, il avait vu des larmes coulaient le long de ses joues. Mais il le fallait. Il fallait qu'il la repousse pour la protéger de la froideur et la méchanceté de Gozaburo Kaiba. Le jeune garçon, du haut de ses treize ans, poussa sa petite sœur vers la porte et ordonna aux gardes de la reconduire à l'orphelinat. Puis il avait claqué la porte et s'écroulait au sol.

    Il lui avait promis de venir la chercher à l'orphelinat, mais il n'y était jamais allé. Même lorsqu'il avait viré son beau-père de la présidence. Il aurait pu se rendre là-bas, il aurait pu… mais il n'y avait rien fait de tel. Pire encore il avait « encouragé » son petit frère à oublier Anna, comme si elle n'avait jamais fait partit de leur famille. Il referma le cahier et le jeta parmi les maigres possessions de sa petite sœur.

    Il se posa sur son fauteuil et ouvrit le médaillon qu'il portait autour du cou. Il y avait une photo de Makuba, il la sortit et le déplia pour faire apparaitre le visage d'Anna. Lui-même était sur la partie que son petit frère avait autour du cou. Personne ne connaissait l'existence d'Anna, hormis Roland.

    - Je suis désolé, Monsieur, mais il semblerait qu'on ait perdu sa trace ! fit ce dernier en entrant dans sa pièce.

    Seto soupira et reglissa la photo dans son médaillon et leva le regard vers la ville en contre-bas. Lui, l'homme le plus riche de DominoCity, n'arrivait même pas à veiller sur sa famille. Sa petite sœur avait disparu et son petit frère avait été kidnappé un nombre incalculable de fois.

    Il se dit qu'après avoir détruit la tour de l'île de la KaibaCorp, il serait, en fait, débarrassé du fantôme de Gozaburo, il pourra alors retrouver sa petite sœur, tout dire à Makuba, et reformer sa famille. Oui, il faisait cette promesse sur sa victoire.